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La Femme piquée par un serpent d’Auguste Clésinger fut l’un des plus gros succès du Salon de 1847, qui s’est tenu au Louvre à partir du 16 mars. Or cette statue de marbre, présentée comme une « étude », ne tarda pas à provoquer un scandale, en donnant lieu à un âpre débat critique. Dans son feuilleton de La Presse du 10 avril, Théophile Gautier salue certes « l’incontestable originalité » de Clésinger, en remarquant que « nul sculpteur n’a embrassé la réalité d’une étreinte plus étroite ». Quant à la statue, Gautier observe que « ce corps frémissant n’est pas sculpté mais pétri; il a le grain de la peau et la fleur de l’épiderme », si bien que le critique en vient à pasticher le pygmalionisme du peintre balzacien Frenhofer face à son « Chef-d’oeuvre inconnu »: « Car elle n’est pas en marbre, elle est en chair; elle n’est pas sculptée, elle vit! elle se tord. Et n’est-ce pas une illusion? elle a remué! Il me semble que si l’on posait la main sur ce corps blanc et souple, au lieu du froid de la pierre, on trouverait la tiédeur de l’existence ». Pourtant, une rumeur ne tarda pas à se répandre selon laquelle la « volupté » se dégageant de la statue de la Femme piquée par un serpent ne serait pas tellement due au talent du sculpteur, mais plutôt au corps même du modèle.

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